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Sur une île ravagée par un désastre écologique, deux adolescents ont décidé de fuir leur entourage et leur quotidien.
Sur une île ravagée par un désastre écologique, deux adolescents ont décidé de fuir leur entourage et leur quotidien. L'étrange Birdboy, qui aimerait surmonter ses traumatismes psychologiques, dont la disparition de son père, entreprend de reconstituer la forêt. Accompagnée de deux amis, l'aventureuse Dinky qui tente de s'échapper de ce lieu funeste en espérant que Birdboy fera le voyage avec elle... Soutenu par l'ACID lors de sortie en salle.
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Birdboy est un petit oiseau blafard en costume-cravate, avec un bec minuscule et une énorme tête. Une sorte de Titi mutant : i
Birdboy est un petit oiseau blafard en costume-cravate, avec un bec minuscule et une énorme tête. Une sorte de Titi mutant : il a deux grands trous noirs à la place des yeux. Dans ce cauchemar hypnotique, tous les personnages ressemblent à des transfuges d'un autre genre d'animation, naïve, ronde et mignonne. Chiens, rats, petits cochons, lapins : Pedro Rivero et Alberto Vázquez, les deux coréalisateurs, ont exilé le bestiaire des contes pour enfants dans un monde d'une cruauté très adulte, un peu comme lorsque, dans la bande dessinée Maus, Art Spiegelman donnait aux déportés une apparence de souris. Bienvenue sur une île ravagée par une catastrophe écologique, huis clos angoissant entre décharge à ciel ouvert et forêts d'arbres morts, qui se tordent en vain vers un ciel d'enfer toxique.
Déconseillé au jeune public, ce film d'une beauté vénéneuse, baroque, broie du noir pour en faire de l'or pur : il surprend constamment, tant sur le plan graphique que dans la richesse et la diversité des thèmes qu'il brasse. Adapté d'une bande dessinée de jeunesse créée par Alberto Vázquez lui-même, Psiconautas est d'abord une rêverie passionnante sur le mal-être des adolescents, en butte à la violence de la société qui les attend. Birdboy, figure de superhéros fragile et torturé, orphelin traqué par la police, est hanté par un spectaculaire démon (le deuil, la rage) que seule la drogue peut faire taire. Dinky, la petite souris qui l'aime, grandit dans un foyer d'abrutis agressifs et conformistes, et décide de fuguer, avec quelques compagnons d'infortune. Et puis il y a les gamins perdus de la décharge qui rappellent plus Los Olvidados, de Buñuel, que l'univers habituel de l'animation... Tout un peuple de prédateurs et de victimes, d'objets bavards et de paumés poignants, ambigus, composent une fascinante polyphonie, où se mêlent la monstruosité du réel et celle du surnaturel.
Ce récit-puzzle représente, aussi, le panorama de nos hantises contemporaines : la pollution, l'incurie, la misère, le fascisme et le rejet de l'autre — faites votre choix ! — dans une fable qui ne laisse que très peu de place à l'espoir. Mais quand celui-ci paraît, bien caché au fond d'une futaie d'un noir d'encre, il est si miraculeux, si verdoyant et lumineux, en contraste avec la splendeur malsaine des couleurs de l'île, qu'il semble appartenir à un autre film : un rêve de nature animiste à la Miyazaki, incrusté dans un univers piège que ne renieraient pas Tim Burton ou Roland Topor. Territoire fantastique, où le merveilleux se cueille au coeur même de la désolation, ce petit chef-d'oeuvre nous transforme tous en « psychonautes », voyageurs de l'âme.
Un film d'animation pour ados et adultes, sur fond de désastre écologique et d'enfance sacrifiée (trois ados, i
Un film d'animation pour ados et adultes, sur fond de désastre écologique et d'enfance sacrifiée (trois ados, inspirés par un enfant-oiseau incarnant une liberté proscrite, tentent de quitter une île ravagée par une pollution asphyxiante). Une dystopie engagée, qui dénonce les politiques actuelles et les ravages sociaux, mais trouve dans une animation résolument anxiogène, avec ses dominantes de rouge carmin et noir profond, une poésie graphique. Sous la fable pessimiste, il y a un humanisme persistant. Ce sont les premiers pas prometteurs d'un tandem qu'il faudra suivre.
Xavier Leherpeur, 24/05/2017Le film s’ouvre sur un serment, comme les enfants en prêtent au moment de rejoindre un cercle secret : «Nous sommes les o
Le film s’ouvre sur un serment, comme les enfants en prêtent au moment de rejoindre un cercle secret : «Nous sommes les oubliés. Nous sommes orphelins. Notre avenir est dans les ordures. Il n’y a plus de futur. Notre présent n’est qu’ordures. Le sang est notre loi.» Les animaux de Psiconautas sont les rejetons d’une catastrophe, celle d’une génération qui allait pointer à l’usine comme des zombies jusqu’à ce que le monde leur explose à la tronche dans un de ces champignons dont seule «l’électricité propre» a le secret. Depuis, la pluie, le soleil et l’eau claire ne sont plus que des légendes racontées par les plus vieux afin de faire oublier la chape de plomb jaunâtre qui leur tient lieu de ciel.
Derrière une imagerie innocente mêlant lapins, oiseaux et souris, le film de Pedro Rivero et Alberto Vázquez étire ici le court métrage Birdboy qui adaptait déjà, facon système D, la belle bande dessinée de Vázquez. Les deux Espagnols en profitent pour approfondir une esthétique de la déréliction, tout en songes fiévreux et décousus. Les influences du duo Tim Burton-Henry Selick, Winschluss ou Blanquet coagulent ici en un film définitivement pas adapté aux enfants, ressemblant à une version claustro et sous Prozac de l’inoffensive série animée Mouk. Les petites filles ingurgitent des pilules du bonheur pour réussir à se tirer du lit ou sont habitées par des voix, les petits garçons essuient le sang qu’ils ont autour du bec pour cavaler après leurs fantômes ou se mettent en bande pour tabasser un gamin esseulé. Tous sont abîmés, comme dégradés à leur tour par la ruine qui dévore leur île, mais tout autant habités par un furieux souffle de liberté qui les poussent à se défaire de l’emprise de parents-monstres. A l’image du père de «Dinky la souris», impitoyable grenouille de bénitier que l’on voit presser une figurine de l’enfant Jésus pour lui tirer des larmes de sang, histoire d’expier tous ses péchés.
Désindustrialisation, pollution, chômage, répression… Même s’il est parfois pataud dans son effusion d’émotions adolescentes, le film semble habité par le profond sentiment de révolte qui traverse une société espagnole brutalement heurtée par la crise de la fin des années 2000, entre effondrement immobilier, corruption et instabilité politique. Avec, en première ligne, ses cohortes de jeunes vissés au giron familial et dont les petites créatures anthropomorphiques sont ici les spectres fatigués. Et si Psiconautas était un bébé Podemos ?
Pour donner un écrin à ce superbe film d’animation, on ne pouvait envisager d’autre décor qu’une &ic
Pour donner un écrin à ce superbe film d’animation, on ne pouvait envisager d’autre décor qu’une île sur laquelle les personnages se retrouvent prisonniers, après une catastrophe industrielle. Dans cette ambiance post-apocalyptique, la société se reconstruit aux dimensions d’un monde primitif où la loi du plus fort règne partout. Ainsi, une décharge où le cuivre est convoité comme monnaie d’échange, devient un lieu d’affrontements particulièrement sanglants. Ces immondices sont administrées par des personnages en perdition, orphelins, à moitié édentés, qui psalmodient d’une même voix que leur avenir est dans les ordures.
De féroce milices patrouillent, afin d’instaurer un semblant d’ordre. Les contrevenants sont sévèrement réprimés. Ce sont ces milices qui ont assassiné le père de Birdboy, créature taciturne à tête de mort, nanti d’un minuscule bec, à peine une excroissance. Le voici chassé et errant, hanté par son passé et par l’idée de reconstituer une nature luxuriante à laquelle il accède via une grotte.
Dans ses rêves se profile la courageuse Dinky, qui a fui une famille oppressive et, accompagnée de deux amis, cherche par tous les moyens à quitter cette île infernale. Mais la menace est partout et s’incarne sous la forme de créatures cauchemardesques : araignées géantes, oiseaux aux ailes disproportionnées, insectes volants, dont la présence est accentuée par de saisissants contrastes de couleurs, où le rouge et noir dominent, dessinant les contours d’un monde crépusculaire. Si les personnages ne parviennent cependant pas à quitter l’île, la mort de l’un d’eux, conçue comme un sacrifice, laisse entrevoir un avenir plus heureux, une sorte de renaissance après l’horreur.
Ce film d’animation, totalement déconseillé aux enfants, est une indéniable réussite formelle, lestée d’une angoisse évidente sur le devenir de nos sociétés industrielles.
"D'une rougeoyante intensité, Psiconautas dépeint une société où ne subsistent plus que les spe
"D'une rougeoyante intensité, Psiconautas dépeint une société où ne subsistent plus que les spectres du monde d'antan. Psiconautas effraie autant qu'il fascine, en extrayant du plus profond de l'âme les monstres de nos cauchemars d'enfant."
Retrouvez le texte complet sur le site de l'ACID.
L'ACID est une association née en 1992 de la volonté de cinéastes de s'emparer des enjeux liés à la diffusion des films, à leurs inégalités d'exposition et d'accès aux programmateurs et spectateurs. Ils ont très tôt affirmé leur souhait d'aller échanger avec les publics et revendiqué l'inscription du cinéma indépendant dans l'action culturelle de proximité.
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